Chapitre Huitième: Jeux de Cartes Chapitre Dixième: Embuscade
Chapitre Neuvième: Sur le Continent.
Chemins de Lumière
­Les Chemins de Lumière furent certainement l'un des projets les plus ambitieux qu'ont jamais mis sur pieds les hommes de l'antiquité –bien qu'il n'ait jamais abouti. Peut-être de l'ampleur de leurs projets de conquêtes spatiales. Il est d'ailleurs probable que ces deux projets ait été amenés à être fusionnés, à terme, s'ils avaient été tous deux couronnés de succès.
­Il s'agissait ni plus, ni moins que de pouvoir transporter de manière quasi-instantanée des objets, voire des êtres vivants, d'un point à un autre de la planète. Evidemment, cela nous parait totalement abérrant, à notre époque où la magie nous permet de faire "à mains nues" énormément de choses qui nécessitaient à nos ancêtres une grande quantité d'outillage, et alors que nous croyons savoir ce genre de choses impossibles.
­Il faut cependant remettre le projet dans son contexte. Les hommes de l'antiquité avaient mis en orbite autour de notre planète un grand nombre de machines leur servant à communiquer, à se repérer ou à tenter de prévoir le temps. Certaines de ces machines, d'ailleurs, doivent encore tourner au dessus de nos têtes et pouraient toujours fonctionner si l'on tentait de les réactiver. Pouvant faire circuler autant d'informations par ce biais, il leur est paru naturel d'envisager qu'on puisse également y faire circuler autre chose.
­Le projet consistait "simplement" en une sorte de machine qui aurait été capable de transformer la matière en lumière, puis la lumière en matière. Il aurait alors suffit de placer une machine de ce type au point de départ et au point d'arrivée, puis d'envoyer la matière transformée à travers le réseau de machines célestes, et il serait alors devenu possible de voyager aussi vite que la lumière, c'est à dire, à l'échelle de notre planète, de manière quasi-instantannée.
­Connaissant tous les miracles que leurs machines pouvaient accomplir, on peut se demander pourquoi ce projet s'est soldé par un échec. Il semble, cependant, que tout n'était pas à la portée de nos ancêtres. Ils étaient parvenus à créer les machines appropriés pour la transformation, mais celles-ci nécessitaient pour fonctionner une quantité d'énergie dépassant tout ce qu'ils étaient capables de produire à cet époque.
Professeur Relm de Kandhrir, issu de "Machines Antiques", 1396
Quelque part sur la côte Tiefflane, nuit précédant le 16 jour de Danael 1404
­Que s'est-il passé ?
­ Ryan se releva, l'esprit embrumé. Il avait dû perdre conscience au moment où Cartes avait démarré sa machine. Le froid fût la première chose qu'il remarqua. Il la température avait brusquement chûté. L'atmosphère avait changé, également. L'odeur de l'Océan flottait toujours dans l'air, mais avec une saveur différente de celle de Corannea. Il se demanda un instant s'il n'était pas simplement sur les terres jihdeanes, ayant rêvé ces dernières journées...
­La présence de Laureen lui confirma que tout s'était bien déroulé. L'adolescente semblait en train de reprendre conscience elle aussi, à ses côtés. Ils n'étaient plus dans l'entrepôt de Cartes, mais dans une sorte de grotte dont une ouverture laissait voir le ciel étoilé de la nuit, et, à faible distance, la mer qui vaguait calmement. En revanche, ils se trouvaient sur une sorte de plateau identique à celui sur lequel on les avait fait monter.
­Les voilà éveillés. Les jeunes gens se retournèrent vivement vers celui qui venait de parler. Un homme se tenait assis dans l'ombre plus loin dans la grotte. Maintenant, expliquez-moi qui vous êtes, et comment vous avez obtenus les coordonnées.
­Les deux jeunes gens se regardèrent, puis l'ainé tenta de répondre Je suis Ryan du clan Hagen, de Jihdea. Et j'ignore de quelles coordonnées vous parlez.
Les coordonnées de notre transmuteur. Que vous avez entré dans le vôtre pour arriver jusqu'ici. Accessoirement, j'aimerais également savoir comment vous avez réussi à initialiser le transfert. Et dans quel but.
Je ne comprends rien à ce que vous dites...
Ne faites pas l'idiot. Vous êtes arrivés ici. Cela ne peut pas être le fruit du hasard, alors dites-moi comment.
Eh bien, en fait, je l'ignore. Nous étions dans l'Archipel Corannéan... Un genre de tueur à gage nous a fait monter sur une sorte de machine, et... Je ne me souviens pas de ce qui a suivi.
Son nom ?
Je l'ignore. Il se faisait appeler "Cartes".

­L'homme sembla se radoucir. Cartes, oui, bien sûr... Je me doutais qu'on en réentendrait parler. Qui d'autre aurait pu faire ce genre de choses, n'est-ce pas ? Le ton de sa voix, cependant, laissait entendre qu'il ne prennait Ryan qu'à moitié au sérieux. Et pourquoi Cartes s'en serait-il prit à vous ?
­Ryan commença à trier mentalement les informations dont il disposait, pour tenter de formuler une réponse plausible, mais Laureen réagit plus vite que lui. Ça, vous pouvez toujours aller là-bas lui poser la question, mais mon père l'aura tué avant que vous n'arriviez.
Ah, la demoiselle a une langue, finalement. Et puis-je savoir qui est ce père qui pourrait tuer l'homme le plus insaisissable de cette planète ?
Le Capitaine Lawn!
La fierté de l'adolescente transparaissait clairement dans sa voix. L'inconnu se leva et s'éloigna de quelques pas. Eh bien, si vous êtes réellement Laureen, je crois que nous nous connaissons. Vous vous trouvez dans une base de la Guilde d'Esperkand. On me nomme Angel...
­Cela sonnait clairement comme un test. Et l'adolescente ne comptait pas y échouer. Votre prénom est Karen. Vous êtes le responsable de liaison de la guilde avec les autres organisations. Votre dernière visite dans l'Archipel date d'il y a deux ans, en début d'automne. Vous vous étiez entretenu avec mon père et les capitaines Knox et MacHarrolck au sujet de la cargaison du Narval Cendré.
­Angel revint vers eux en souriant. Ni trop, ni trop peu. Vous connaissez tout de cet entretient, mais n'en dévoilez que le strict minimum au cas où je ne serais pas celui que je prétends être. Une véritable fille de Pirate... J'aimerais d'ailleurs récupérer la dague que vous m'aviez dérobé à cette occasion.
­Le contact était établi. Chacun des deux savait maintenant que son interlocuteur était bien la personne qu'il disait être, et qu'il était possible de se faire confiance. Angel alluma une lampe, dont la clareté leur révéla le reste de la grotte. Un assemblage curieux de machines, assez semblable à celles que Cartes avait installé dans son entrepôt, mais qui semblaient être une entité unique et non un assemblage de pièces détachées, était posé contre le mur, non loin d'eux. Les seuls autres meubles étaient une grande table au centre couverte de notes et de plans, et quelques coffres trônant contre les murs. Dans le fond, une porte semblait mener vers l'intérieur.
­J'espère tout de même que votre père le gardera en vie, j'aimerais lui poser quelques questions... Savez-vous ce que sont les chemins de lumière ? Les deux jeunes gens firent signe qu'ils connaissaient vaguement cette notion. Nous travaillons depuis quelques temps sur le projet de remettre ces trucs en service. En reprennant les plans et en y ajoutant une bonne dose de magie, on comptais réussir là où les hommes de l'antiquité ont échoué. Mais il y a quelques temps, quelqu'un que nous n'avons pas réussi à identifier –Je souçonnais vaguement Cartes, et visiblement, j'avais raison– nous a dérobé une partie des plans et du matériel. Il sera donc parvenu à fabriquer son propre transmuteur, et vous a utilisé comme cobayes. La question est: pourquoi ?
Université de Leeshan, le jour suivant.
­Et tu dis qu'elle a des visions ?
Quelque chose dans ce genre-là, oui. Behold m'avait fait transmettre de garder un oeil sur elle pendant la soirée... Elle a fait un rêve du même genre que le tien et que celui de Pénombre. Et je crois qu'elle en sait un peu plus long que nous sur ce que ça veut dire, au juste. Tu devrais venir lui parler avec moi.
Et Pénombre ?
Elle fait le point avec Jed sur leurs gains d'hier soir. Elle nous rejoindra après.

­Tania et Novan rejoignirent Pandore sur le rempart ouest. La Kandhrane les regarda approcher, et eût de nouveau durant quelques secondes l'impression de voir Tania comme une statue d'ambre. Le jeune homme à ses côtés, quant à lui, lui apparût comme fait de calcite. Elle n'avait pas remarqué de lueur orange, dans son rêve, mais elle devait probablement être cachée par le jaune et le violet. Elle la verrait probablement lorsqu'elle passerait de nouveau l'amulette à son cou.
­Novan, je te présente Pandore, notre nouvelle rêveuse. Pandore, voici Novan, le garçon dont je t'avais parlé. Il te convient ?
Comme pour Pénombre et toi. Novan, d'après ce que Tania m'a dit, il y avait une histoire de couleurs, dans ton rêve à toi ? Il y en avait combien, exactement ?
Sept... Les couleurs de l'arc-en-ciel, je crois bien.
Dans mon rêve à moi, nous sommes symbolisés par ces couleurs. Tu es en orange. Tania est en jaune, et Pénombre en violet. Je suis en bleu, et il y a également quelqu'un en vert et quelqu'un en cyan, mais ils sont assez loin d'ici. Je n'ai pas réussi à repérer le rouge.
En fait, c'est comme si ces rêves étaient complémentaires. Novan a vu combien nous devons être. Toi, Pandore, tu as vu où nous nous trouvions. Pénombre a peut-être vu ce que nous devions faire...

­Tania était debut face à la forêt et réfléchissait à voix haute. Il était question de Guards, dans son rêves... Il faudrait peut-être qu'on se renseigne sur leur légende. Il faudrait aussi qu'on retrouve les couleurs qui manquent...
­Novan eût l'air d'hésiter un instant Est-ce qu'on ne prend pas tout ça un peut trop au sérieux ? Je veux dire... Ce n'étaient que des rêves...
­Ce fut Pandore qui répondit la première. Je comprends parfaitement que ça puisse te paraître exagéré, mais pour ma part, je sais que je dois y apporter la plus grande importance. Si je pouvais te prêter mes yeux et que tu te voyais comme je te vois, je pense que tu serais d'accord...
­Tania renchérit. N'oublie pas que ce sont grâce à ces rêves qu'on s'est rencontré. C'est déjà une raison suffisante pour qu'on ne les oublie pas tout de suite. Je pense qu'on devrait retourner voir le Temple. Pandore regarda la jeune fille avec des yeux ronds, mais Novan, lui, avait déjà eu le temps de s'habituer à la voir ainsi passer d'un sujet à l'autre sans aucune transition, et l'approuva silencieusement. Même s'il s'efforçait de laisser parler la voix de sa raison, lui aussi pressentait que c'était quelque chose d'important, auquel le lieux lui paraissait lié d'une manière ou d'une autre.
Quelque part sur la côte Tiefflane, le même jour.
­D'après ce qu'Angel leur avait indiqué, Lawn et Ryan étaient arrivés par le transmuteur la veille en fin de matinée, et étaient restés inconscients jusqu'à la discussions qu'ils avaient eu au beau milieu de la nuit. Le membre de la guilde supposait que cet évanouissement avait été dû à un mauvais réglage ou à un disfonctionnement de la machine de fortune assemblée par Cartes.
­Bien qu'ils aient tous deux vivement approuvé lorsqu'on leur avait proposé de dormir, cet évanouissement avait permit à leurs corps de récupérer, et leur sommeil fut de coure durée. Au matin, Angel leur annonça qu'il était malheureusement impossible de les renvoyer vers l'île Noble par le moyen par lequel ils en étaient venus. Il avait tenté, d'après leurs indications et les données enregistrées par la machine, de retrouver les coordonnées de leur point de départ, mais en vain. Cartes avait dû désactiver sa machine à lui, et il était impossible de rétablir le contact.
­Un navire sous contrôle officieux de la Guilde doit partir dans quelques jours pour l'Archipel. Je tâcherai de vous fournir des places à bord. Ce sera plus long, mais au moins, vous rentrerez là-bas.
Pour ma part, ce n'est pas mon chemin. Yggdrasil et la Cour d'Ambre m'ont chargé de retrouver quelqu'un qui doit se trouver sur ce continent. Repartir vers l'Archipel serait prendre la route opposée à la mienne.
Jeune homme, ne le prends pas mal, mais je n'ai pas été mis au courant de la volonté de ton Arbre Sacré, moi. Quand je te regarde, je ne vois qu'un gamin qui est tombé sous ma responsabilité, et que je ne peux pas laisser repartir seul sur l'unique foi des fables qu'il me raconte.
J'ai passé l'épreuve du passage à l'âge adulte. Je ne suis plus un enfant que l'on doit protéger.
Admettons que ce soit vrai, je ne connais que trois personnes pour qui cette épreuve puisse faire office de loi. L'une est morte, et les deux autres se trouvent précisément là où je comptais t'envoyer. Tu es peut-être adulte pour les Jihdéans, mais certainement pas sur le sol impérial.
Je comprends... Mais il me semblait pourtant qu'il ne vous tenait précisément pas à coeur de respecter la loi impériale...

­Karen éclata de rire. Bien joué, mon garçon. C'est exactement le genre d'arguments que j'aurais utilisé à ton âge. Bien, j'accepte de te garder avec moi, mais tu es sous ma responsabilité. N'espère pas me fausser compagnie jusqu'à ce que j'ai discuté de vive voix de ton cas avec Behold et Shadefire.
Dans ce cas, je reste avec lui.
Angel se tourna vers la jeune femme avec un air à la fois sévère et amusé. Et quelle justification vas-tu me sortir, fillette ? Une mystérieuse mission confiée par Maéjùnn ?
Je sais qui Ryan cherche, et il se trouve que je sais à peu près où il vit et que c'est quelqu'un que j'ai moi aussi très envie de voir. Et accessoirement, ça me fera une excellente occasion de sécher les cours un peu plus longtemps.
Pas mal... Mais comment serais-je censé expliquer ça à ton père ? C'est que ça m'ennuirait de partager le sort qu'il a selon toi réservé à Cartes...
Si tu préfères, je peux attendre le départ du bâteau, monter à bord, et sauter à l'eau une fois qu'il aura levé l'ancre, pour revenir ici. Dans ce cas, tu ne pourras même plus veiller sur moi.
Et le pire, c'est que nous savons tous deux pertinnement que tu en es capable. Entendu, si tu me rédiges une lettre pour expliquer ça toi-même à ton père, je vous garde avec moi tous les deux. Mais ne vous attendez pas à ce que ce soit une partie de plaisir. Behold ne me pardonnerait jamais si je vous faisais un traitement de faveur.

Temple ancien, Baarn Thor.
­Vous croyez qu'il nous observe, en ce moment ?
­Les quatre jeunes gens venaient d'entrer dans le Temple. Comme lors de leur précédente visite, l'atmosphère du lieu les réduisit un moment au silence. Pandore, qui découvrait les lieux, semblait particulièrement impressionnée. Il fallut quelques instants avant que Tania ose poser la question, pour détendre l'atmosphère trop austère à son goût.
­Oh, probablement. D'après Jed, Behold est tellement méfiant à lui tout seul qu'il faudrait que tous les autres membres de la guilde soient totalement inconscients pour espérer compenser.
L'image serait presque appropriée... mais il n'est fort heureusement pas le seul à garder l'oeil ouvert, surtout quand des membres d'une autre guilde se promènent sur les terres qu'ils savent être les nôtres.

­Shadefire venait de surgir des ombres, sans que personne n'ait remarqué son arrivée avant qu'il ne se mette à parler. Saluant à peine les autres adolescents, il se tourna vers Pandore. Qu'est-ce que le Trèfle a à faire avec Leeshan ?
Je ne suis pas...
Elle hésita un court instant, puis sortit une lettre cachetée de la sacoche qu'elle transportait. Vous êtes Shadefire, non ? Monsieur Erellon m'a chargé de remettre ceci à vous ou à l'un de vos collaborateurs si je venais à vous rencontrer.
­Gregan s'empara prestement de la lettre, examina le sceau, puis l'ouvrit et lu rapidement. Tiens donc... Ainsi, le grand Kerd Erellon lui-même s'intéresse à cette affaire... Il releva les yeux verts Pandore, et elle senti les flammes de son regard se poser au fond de ses yeux, comme pour tenter de lire également en elle. Cela me suffira pour l'instant. Je vais prévenir mes hommes pour qu'il vous laissent la même liberté d'action qu'à nos Cadets. Il se pourrait même que je sois disposé à accepter sa proposition de collaboration. Si vous me tenez informé de vos progrès, je vous fournirais peut-être quelques indications en retour. Il semble que vous sachiez qui contacter... Après un bref salut presque millitaire et avant que quiconque ait eu le temps de réagir, l'homme avait disparu.
­Tous quatre se regardèrent. Novan fut le premier à prendre la parole Je retire ce que je disais tout à l'heure. Si Erellon lui-même trouve ça important...
Tu aurais pu nous parler de cette lettre, Pandore... Alors comme ça, tu es membre de la Guilde du Trèfle ?

­Pandore laissa échapper un léger soupir. Je suppose que si vous êtes ceux que je cherche, je dois vous faire confiance... Bien, nous ferions mieux de ne pas rester debout, si ? Elle s'assit en tailleur face à Tania. Le temps que les trois autres fassent de même, elle avait sortit une sorte d'amulette de sa sacoche.
­Monsieur Erellon m'a confié cette amulette sensorielle, dans laquelle est mémorisé mon rêve. Si vous le souhaitez, je peux vous la prêter pour que vous voyez de vos propres yeux ce que j'ai vu. Elle posa l'amulette au milieu d'eux, puis reprit. Comme vous le savez, je viens de Kandhrir. Je suis étudiante à l'École de Magie, et oui, en effet, membre de la Guilde du Trèfle. Ce n'est pas mon premier songe de ce genre, et les précédents avaient déjà attiré l'attention de monsieur Erellon. J'ai une ascendance... un peu spéciale, qui me donne ce talent de voir des choses, un peu comme toi, Novan, tu as probablement hérité ton Encre des Guards d'ancêtres Elfes(1).
­Sans plus s'avancer dans les détails sur ce point, Pandore entreprit de leur raconter l'entretient avec Kerd Erellon, Eiko et le Professeur Relm qui avait suivit son rêve. Elle enchaina ensuite sur les quelques recherches effectuées parmi les ouvrages de la Bibliothèque avant son départ. Un grand nombre de "menaces" historiques ou mythologiques pouvaient avoir été, à un moment où à un autre, symbolisés par un nuage noir, ou un monstre dévorrant, mais rien ne semblait véritablement correspondre à la brume noire qu'elle avait vu en rêve, hormis peut-être les rares descriptions qu'on avait fait de l'arme ou de la magie ayant détruit Angska –Mais pour quiconque hormis les Shalezzim, la destruction de la cité relevait de la légende pure.
­Ils avaient donc envisagé, comme Erellon l'avait suggéré, que de se tourner vers les lumières les éclairerait davantage que de chercher l'ombre. Pandore était partie mandatée par sa guilde pour retrouver et identifier ces lueurs... et également pour contacter les autres guildes qu'elle pourrait trouver sur sa route, la principale d'entre elle étant bien sûr Esperkand. Le Mage supposait qu'au cas où, pour une raison ou une autre, la solution vue en rêve par Pandore s'averrait ne pas fonctionner, une alliance puissante pourrait s'avérer une solution de rechange acceptable.
­Pourquoi ne tente-t-il pas de contacter Lubekand ? L'Empire est la plus grande puissance à la surface d'Hera, non ?
De la surface, peut-être... Encore que je ne parierais pas là-dessus, certains pays d'orient seraient probablement capable de rivaliser. Mais on est très loin de tout connaître des puissances "souterraines", comme Esperkand. En plus, monsieur Erellon pense qu'Ayanor Enschel n'est pas du genre à mobiliser des troupes à cause des rêves d'une adolescente.

­La discussion s'aiguilla ainsi quelques instants sur les différentes organisations que les adolescents connaissaient, et la manièrent dont, supposaient-ils, celles-ci réagiraient si Pandore venait leur parler de son rêve. Celle-ci finit par en venir à une question qui l'intriguait.
­Dis-moi, Tania... Est-ce que tu as de la famille du côté de Galben ?
Pourquoi cette question ?
Parce que dans mon rêve, l'étoile d'ambre apparaît à deux endroits. Là où nous nous trouvons, et du côté des Hauts Sommets. Je crois que tu es celle de la forêt, alors je me demandais si l'autre ne pouvait pas avoir un lien avec toi...

­Tania sembla hésiter plus que de raison. D'aussi loin qu'elle se souvenait, Astrid ne l'avait jamais vu mettre tellement de temps avant de répondre, surtout à une question en apparence si simple. J'ai... grandi à la frontière entre Tieffla et Galben. Tous les gens que je connaissais de cette époque ont disparus dans l'éruption du Mont Darius. Peut-être quelques uns ont-ils survécu, mais je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis.
Je suis désolée... Tu avais de la famille ? Des frères et sœurs ?
J'étais enfant unique. Ma mère est morte depuis longtemps, et si mon père était encore en vie, il m'aurait probablement déjà retrouvé.

Notes
(1) Une étude généalogique menée par un groupe de recherche de Kandhrir a montré que ce talent, plutôt répandu chez les Elfes, ne serait apparu chez les Humains –et particulièrement chez les Brennans– que suite à des croisements entre les deux espèces.
Chapitre Huitième: Jeux de Cartes Chapitre Dixième: Embuscade